L'herbe rouge du pays

Le vent, tiède et endormi, poussait une brassée de feuilles contre la fenêtre. Wolf, fasciné, guettait le petit coin de jour démasqué périodiquement par le retour en arrière de la branche. Sans motif, il se secoua soudain, appuya ses mains sur le bord de son bureau et se leva. Au passage, il fit grincer la lame grinçante du parquet et ferma la porte silencieusement pour compenser. Il descendit l’escalier, se retrouva dehors et ses pieds prirent contact avec l’allée de briques, bordée d’orties bifides, qui menait au Carré, à travers l’herbe rouge du pays.

Boris Vian, Herbe rouge

diumenge, 12 de juny del 2016

Pequeños rincones del mundo














Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l'Auvergnat qui, sans façon,
M'as donné quatre bouts de bois
Quand, dans ma vie, il faisait froid,
Toi qui m'as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
M'avaient fermé la porte au nez…
Ce n'était rien qu'un feu de bois,
Mais il m'avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encor’
A la manièr' d'un feu de joi’.

dimarts, 19 d’abril del 2016

Capítulo 1




CAPÍTULO 1 : Margarita
Margarita dibujaba la silueta de alcohol derramándose en el vaso de cerveza del miércoles. En el inmueble, escuchaba ruidos de platos estampados en la pila de un viejo apartamento. El olor de los naranjos se mezclaba con el aliento de Javier, acostado a su lado, que intentaba recordar el nombre de su padre entre bocanadas de aire nocturno. Ella dejó un momento el vaso en la mesa de la cocina, y reclinándose en el borde de la silla, apretando inconscientemente los dientes, pensó en su familia. Intentó imaginar por qué un día había decidió hacer las maletas y alejarse, dejando de lado las arboledas llenas de rostros conocidos, las casas que se quedaban atrás cada mañana al coger el tren, y sobre todo, sus hermanas. Apoyó el codo contra la pared blanca, y la imagen de Ana la de los ojos de hierbabuena se le presentó como una ola de mar agridulce. Recordó sus manos unidas, cómo cuando cada vez que la miraba a los ojos, dos grandes valles se formaban, y en el medio, un reír interminable que elevaba bandadas de pájaros en verano. Allí, en otro país, supo que entre cada naranjo se le reservaba un mordisco que siempre las uniría.
.....................................................................................................................................

CHAPITRE I: Margarita

Margarita dessinait la silhouette d'alcool qui se versait dans le verre de bière du mercredi. Dans l'immeuble, elle écoutait les bruits des plats lancés vers l'évier d'un viel appartement. L'arôme des orangers se mêlait à l'haleine de Javier qui, allongé à côté d'elle, essayait de se souvenir du prénom de son père entre des bouffés d'air nocturne. Elle laissa un instant le verre sur la table de la cuisine, et en s'appuyant sur le bord de la chaise, en serrant inconsciemment les dents, elle pensa à sa famille. Elle essaya d'imaginer pourquoi un jour elle avait décidé de faire ses valises et de s'éloigner, laissant de côté les bois comblés des visages connus, les maisons qui restaient derrière elle chaque matin au moment de prendre le train, et surtout, ses soeurs. Elle posa son coude contre le mur blanc, et l'image d'Anna, la fille des yeux de menthe se présenta comme une vague de mer aigre-douce. Elle se souvint de leurs mains unies, de comment chaque fois qu'elle la regardait dans les yeux, deux vallées se formaient, et au milieu, un rire éternel qui elevait des voilées d'oiseaux en été. Là, dans un autre pays, elle sut qu'entre chaque oranger on lui réservait un morceau qui les uniraient toujours.

dijous, 14 d’abril del 2016

Alexandre Lacroix, Philosophie magazine, nº 42



Remarque n° 2. Le mythe du déclin s’écrit aujourd’hui dans le langage formel des chiffres et de l’économie

C’est la grande nouveauté contemporaine : de nos jours, ce n’est pas un écrivain génial, ce n’est pas un Dante, ni un Montesquieu, ni un Oswald Spengler qui nous tend le miroir de notre affaiblissement, mais bel et bien les tableaux de chiffres arides produits par les instituts de statistiques, Eurostat ou la Banque mondiale. Les chiffres ont d’ailleurs une éloquence bien à eux, face à laquelle il est difficile de rester de marbre.
Avec 500 millions d’habitants, l’Union européenne (UE) ne représente actuellement que 7,3 % de la population mondiale. Elle a le taux de croissance démographique le plus faible au monde (– 0,05 % en Allemagne, 0,7 % en Italie pour 2008) et vieillit à vue d’œil. La croissance économique est elle aussi basse : 0,2 % en moyenne depuis le début de cette année pour les 27 pays de l’Union, – 4,2 % en 2009 (par comparaison, la Chine est poussée par une croissance d’environ 10 %, le Brésil, 8 % et l’Inde, 6,5 %). Les États européens sont lourdement endettés : la dette publique représente 115 % du produit intérieur brut de la Grèce et de l’Italie en 2010, contre 77,6 % pour la France. En 2008, 17 % de la population européenne vivait sous le seuil de pauvreté, taux qui monte à 20 % chez les jeunes…
Non seulement l’UE n’a pratiquement plus d’industrie sur son sol, mais ses plus belles pièces sont peu à peu raflées par les investisseurs étrangers. Arcelor, fer de lance de la sidérurgie, entreprise issue de la révolution industrielle et de l’épopée capitaliste rhénane, a été rachetée par un groupe indien, la Mittal Steel Company, en 2006. Un autre groupe indien, Tata Motors, a fait main basse sur Jaguar en 2008. Quant à la déliquescence économique de la Grèce, elle a permis à la China Shipping Ocean Company de s’offrir une partie du Pirée en 2009 – le port d’Athènes passant aux mains des Chinois, tout un symbole ! –, avant d’empocher les principaux armateurs grecs cette année.

«La place du continent européen sur le planisphère semble rétrécir à la manière d'une peau de chagrin»

Cette litanie de chiffres et d’annonces déprimantes, nous l’écoutons à la radio et la lisons dans la presse. Année après année, la place du continent européen sur le planisphère semble rétrécir à la manière d’une peau de chagrin. Puisqu’il se décline dans le langage des mathématiques, le déclin serait-il enfin réel ? Sans doute, mais les chiffres ne nous donnent qu’une mesure quantitative de l’état de l’Europe. Appliquer aux nations une grille de lecture strictement budgétaire et comptable, c’est passer à côté d’autres dimensions, comme la qualité de la vie, l’accès à l’éducation et aux soins, l’existence d’un État de droit, d’un système judiciaire non corrompu, d’infrastructures facilitant les transports, etc.
Imaginons que les choses se passent, avant notre naissance, comme l’imaginait jadis Plotin, c’est-à-dire que les âmes descendent lentement vers les corps. Vous êtes l’une de ces âmes à naître. Au cours de votre trajet astral vers l’incarnation, un ange vous interpelle et vous propose de choisir : vous pouvez voir le jour en Inde, en Chine, au Brésil, en Indonésie ou en Europe (mais vous ne pouvez pas choisir votre milieu social, qui vous sera échu par tirage au sort). Pour quelle destination optez-vous ? Quel est, selon vous, le lieu où vous aurez le plus de chance de vivre librement et en bonne santé, sans crainte de la violence, qu’elle soit propagée par l’État ou qu’elle règne dans la sphère sociale ? Où vos rêves trouveront-ils à s’épanouir ? Ça y est, vous avez choisi ? Vous n’êtes pas complètement guéri de l’Europe ? 

Remarque n° 3.  La réduction du mythe du déclin européen à un problème économique est elle-même un signe inquiétant de déclin

Ici, ce sont les dernières pages du Déclin de l’Occident de Spengler, publié en 1918, qui nous aiguillent : « La pensée et l’action économiques sont un côté de la vie, affirme-t-il, chaque vie économique est l’expression d’une vie psychique. » Autrement dit, la prospérité ou le marasme d’une économie ne font que traduire un certain état de la culture et de l’esprit.
Un an plus tard, en 1919, Paul Valéry enfonce le clou dans un texte intitulé La Crise de l’esprit, dont la première phrase est restée fameuse : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » On connaît moins l’argumentation qui suit, or elle est saisissante. « La crise économique, explique Valéry devant le spectacle du Vieux Continent ruiné par la guerre, est visible dans toute sa force ; mais la crise intellectuelle, plus subtile, et qui, par sa nature même, prend les apparences les plus trompeuses (puisqu’elle se passe dans le royaume même de la dissimulation), cette crise laisse difficilement saisir son véritable point, sa phase. » Attention à ne pas confondre les forces et les quantités, prévient Valéry ! Le classement des régions du globe selon des critères statistiques – population, superficie, matières premières, revenus, etc. – risque de nous faire oublier que les civilisations ayant accompli une œuvre historique remarquable, que ce soient l’Égypte ancienne, le siècle de Périclès ou encore l’Europe des Lumières, ont pu le faire uniquement parce qu’elles étaient créatrices, parce qu’elles étaient capables de promouvoir les arts et les sciences, parce que la vie de l’esprit y était intense. Or l’Europe, s’alarme Valéry, est en train de transformer le savoir en une denrée et les productions de l’esprit en marchandises. Elle est bien mal inspirée !« Résultat : l’inégalité qui existait entre les régions du monde… tend à disparaître graduellement », puisque tout n’est qu’une question de commerce et de chiffre d’affaires.
En 1935-1936, le philosophe allemand Edmund Husserl rédige un texte qui fera date, intitulé « La crise des sciences européennes comme expression de la crise radicale de la vie dans l’humanité européenne ». Husserl y affirme que c’est la place éminente accordée à la raison qui a permis la grandeur de l’Europe. Le projet des Grecs, qui était de comprendre la totalité des phénomènes du monde, constitue selon Husserl le tremplin initial de notre civilisation. C’est au nom de la raison que sera accompli l’essor des sciences à l’âge moderne, que les Lumières secoueront le joug de l’Ancien Régime. Or « la vision globale du monde qui est celle de l’homme moderne s’est laissée, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, déterminer et aveugler par les sciences positives et par la “prosperity” qu’on leur devait », constate Husserl. Lorsqu’on a séparé les sciences de l’homme et les sciences de la nature, au XIXe siècle, on a commis un acte très grave, puisqu’on a brisé la visée du projet grec. La philosophie, la psychologie, la sociologie, la science politique ont été rejetées du côté de la subjectivité, de la littérature. La raison n’a plus trouvé à s’appliquer que dans les sciences dures, et ne s’exprime plus qu’à travers le langage des mathématiques. Mais les mathématiques ne peuvent pas répondre à notre détresse ni nous offrir un destin ! En réduisant la raison à une calculatrice, l’humanité européenne a perdu son projet fondateur. Elle s’est en quelque sorte autodissoute. « De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits. » Ce qui nous amène à notre conclusion. Le fait que nous ne sachions plus aujourd’hui raconter le déclin de l’Europe autrement qu’à l’aide de statistiques est peut-être plus préoccupant encore que le contenu desdites statistiques, car cela prouve que nous avons laissé en chemin, quelque part derrière nous, notre esprit.

divendres, 11 de març del 2016

Tiny et Mary Ellen Mark



Cuando Mary Ellen Mark conoció a esta particular adolescente, ya no le fue posible dejar a parte el objetivo. Durante más de 30 años, Mark ha seguido las huellas de Erin Blackwell, más conocida como "Tiny". Una joven que ya desde sus trece años dejó a su madre y empezó a frecuentar las calles de Seattle. Años 80, las drogas y la prostitución eran su pan de cada día. Así, la fotógrafa nos deja un verdadero testimonio de esta experiencia a través de unas tomas que reflejan perfectamente la empatía entre artista y modelo:


















dijous, 3 de desembre del 2015

dimecres, 2 de desembre del 2015



Algunes fotos dels inicis
Quelques photos du départ 

(2010)








*Canet de Berenguer, Valencia, Moncada (Valencia)